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Navigation

Le jeudi 4 avril marque le grand départ de Mistral Gagnant de la Trinidad & Tobago Sailing Association, sa base caribéenne : à 15h53 exactement l'équipage (Pierre-François Pouthier, Captain,  Damien Sineux, Second, Cassandra Sineux, Crew)  part pour une longue traversée...jusqu'à 17h20 ! Un mouillage par 5m de fond accueille les marins à Scotland Bay pour un repos bien mérité après cet exploit...  

Les choses sérieuses commencent à 7h10 le vendredi 5 avril avec un lever d'ancre matinal : cap au 023° pour s'éloigner avant de partir au 345° en faisant du 8 nds, sous trinquette, avec un vent de 15 nds secteur Est. C'est une navigation au près, car le courant des Antilles nous porte vers l'Ouest alors que nous voulons aller au nord, et que le vent qui devrait être de l'Est est du Nord Est. Nous arrivons sous le vent de Grenade, mais à 6 Mn à l'Ouest, il nous faut donc repartir contre le vent, les vagues et seul le moteur peut nous permettre de faire cela sans louvoyer ("louvoyer = 2 fois la route et 3 fois la peine" : le moteur est ainsi le bienvenu pour remonter le long de l'ile de Grenade car malgré la mer peu agitée le bateau tape pas mal.

 

A partir de la nuit du samedi 6 avril le vent forcit (15 à 30 nds), après avoir subit plusieurs grains, il s'avère  que la capote n'est pas étanche. Avec ce vent, il faut prendre un ris sur la GV. La mer est dure, et la remontée jusqu'à Union éprouvante pour tous...jusqu'à ce que l'initiative de prendre un second ris sur la GV et un ris sur la trinquette remette du calme dans l'allure en gardant 7 nds de vitesse ce qui est appréciable !

Avec Mistral, si tu te demande s'il faut réduire la voilure, c'est que c'est le moment de le faire.

Cela permet d'arriver en fin de journée (17h45, encore sous le soleil donc) au Saint Vincent Blue Lagoon Hotel Marina, dont le bateau va se souvenir.

 

En effet malgré des précautions marquées, des hauts fonds traitres viennent tels le pilier dans le parking se jeter sur la quille de Mistral gagnant. Entre la remontée de la quille au treuil et l'aide de Raymond Peters (Cf Encart) (sans parler d'un labourage assez marqué de fonds sablonneux) le bateau trouve un fond de 12 m pour reprendre ses aises.

En fait, il y a une passe sud pour entrer dans Blue lagoon hôtel marina, mais celle-ci n'est pas balisée. Nous ne serions trop conseiller d'appeler l'hôtel pour avoir un pilote. 

En revanche, avec un tirant d'eau d'un mètre et demi, cela passe bien.

Le départ de Trinidad : des débuts exigeants ! 

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Vue prise de Scotland Bay

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Les premiers dauphins 

Raymond Peters, à Saint Vincent est celui qui vous vient en aide

Raymond Peters, our best helper in Saint Vincent

+1(784)491-1110 

Lors de notre arrivée à Saint Vincent, Bastien nous conseilla de le retrouver au Blue Lagoon Hotel Marina. Guidé par une latérale rouge (à laisser à Tribord, de l'autre côté de l'Atlantique, sur le continent américain, les latérales sont inversées), nous nous engageons prudemment et sommes très rapidement bloqué par des hauts fonds. 

Nous essayons d'abord de nous en sortir par nous même en remontant la quille, mais sans grand succès car il s'agit d'une manœuvre longue à effectuer. C'est alors que Raymond est arrivé spontanément pour nous aider. D'une main très sûr, il nous a guidé vers la zone d'eau libre.

Il l'a fait sans attendre de retour de notre part, nous nous sommes rendus compte par la suite que les habitants de Saint Vincent sont très hospitaliers et agréables. A Saint Vincent nous sommes accueillis sans être considérés comme un portefeuille sur pattes.

Lorsque nous nous sommes rendus compte de l'oubli des papiers à l'immigration, c'est à nouveau vers Raymond que nous nous sommes tournés. Très gentiment, il s'est rendu à l'immigration et s'est fait remettre les papiers à notre demande et nous les a envoyés par FedEx sans attendre en nous faisant confiance pour l'envoi de la rémunération que nous lui avons proposée en plus du remboursement des frais d'envoi.

Raymond est skipper, voilier et fait tout travaux de couture et sellerie.

When we were in trouble to find our way in Blue Lagoon Hotel Marina, Raymond came to help us with kindness and great skills.

When we discover were forgot our boat registration in Saint Vincent immigration, he also help us very efficiently, get the papers and send us by FedEx for a raisonnable fee. 

You can trust him !

Raymond is a skipper, he is a sailmaker and do also canvas and saddlery.

He use WhatApps 

De Saint Vincent à Saint Martin

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Le dimanche 7 avril l'équipage prend une autre dimension avec l'arrivée d'un second second (euh...) Bastien Pouthier (à gauche sur la photo, prise plus tard à Saint Barthélémy avec son père, Pierre-françois), qui rejoint la dream team ! Direction Saint Martin, selon une organisation par quarts (de 3 h chacun pour les spécialistes), avec un vent de 14 à 18 nds qui permet à Mistral Gagnant de filer au débridé entre 8 et 9,5 nds.  

Les quarts se succèdent lundi 8 avril pour progresser avec un vent NE à 8 nds, dans une mer agréable en direction de Saint Martin, qui est en vue le 9 avril. Un premier mouillage à 13h permet de déjeuner dans la Baie et de réaliser que les papiers du bateau ont été laissés à St Vincent ! bonne montée de stress , sachant que les Coast Gards et autres officiels américains aiment que les choses soient dans les règles.

Nous serons sauvé à nouveau par Raymond Peters (Cf encart ci-dessus).

Nous y rencontrons Nancy, canadienne. Depuis le décès en mer de son mari, elle poursuit seule le voyage sur leur voilier commun. Elle est venu nous renseigner et c'est très amicalement que Damien est aller l'aider à trouver un mouillage dans le lagon. 

Saint Martin se relève d'Irma, mais le lagon garde les traces des énormes dégâts. Quelques épaves de bateau, n'ont pas encore été enlevés, des pontons sont à réparer, mais les grands yachts sont revenus depuis un an, apportant à l'ile une l'activité qui lui est indispensable.

 

Nous savons qu'il y aura d'autres "Irma" et souhaitons à Saint Martin comme aux autres îles des Caraïbes d'augmenter leur résilience à ces événements extrêmes.

Nous avons cherché une marina dans le lagon, nous nous sommes à nouveau envasés et ce n'est pas si facile de trouver un quai compatible avec notre porte monnaie et notre tirant d'eau 😏.

Nous nous sommes rabattus sur le "port de plaisance" qui nous a apporté le service attendu (moins celui de sanitaires : il est vrai que les super yachts ont tout ce qu'il faut à bord).

Ci-contre Mistral Gagnant à quai à Saint Martin avec Damien, Bastien et Cassandre.

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Avec Trinidad, Saint Martin est un bon endroit pour faire des travaux sur le bateau. Bastien et Pierre François, qui ont d'autres occasion de naviguer dans les Antilles se sont consacrés à cette tâche, acheter ce dont on a besoin pour améliorer le bateau : changer la balancine de grand voile, mettre un pack de batteries neuves (AGM pour 360 Ah), les autres sont vielles et donnent des signes de fatigue et à bord, l'électricité est essentielle pour la traversée :

  • Le pilote qui est notre 4ème équipier, le seul qui ne dort jamais.

  • Le frigo pour notre confort.

  • Les instruments de navigation pour contrôler et ne pas se perdre.

  • Les lampes pour voir la nuit  et se signaler.

 

Cassandre et son père vont plonger. Ils ont pu voir combien les coraux souffrent de la pression humaine. 

Nous prévoyons de repasser par Saint Martin en partant pour faire tous les pleins : de Gaz Oil que nous espérons n'utiliser que très peu et d'eau douce. Nous y acheterons les derniers éléments d'avitaillement que nous n'aurons pas trouvés à Saint Barthélémy.

De Saint Martin à Saint Barth

A Saint Barthélémy, c'est régate !

Les voiles de Saint Barth vont se dérouler à partir du 15 Avril. Pour la Caribean Sailing Association, Bastien est responsable du développement de la règle de handicap et "chief mesurer" (le responsable des jauges). Le handicap permet à des bateaux très différents en taille et performance de concourir ensemble. Grâce au handicap Mistral pourrait régater contre un voiler très performant comme celui là  grâce à un meilleur handicap.

Bastien est ici connu comme le loup blanc ! On voit qu'il a su développer son réseau grâce à son expérience en maintenance, en amélioration et architecture des navires : l'entrée au port est l'occasion pour nous d'être salués par tous ceux qu'il a rencontrés et aidés, et nous sommes placés à quai au meilleur endroit ! Les journées sont rythmées par les derniers travaux pour la préparation du bateau, l'avitaillement...et ils faut bien l'avouer la visite de la tombe de notre Johnny national !

St Barth a aussi vu la première rotation d'équipage :Cassandre Sineux est rentrée le 12 avril vers la métropole, remplacée le même jour par Etienne Barel, qui se joint à l'équipage pour la grande traversée vers New York.

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Saint Barth : paradis ou pas vraiment ?...

Saint Barthélémy nous frappe par son caractère très différent des autres iles des Caraïbes, on pourrait dire hors sol (ou hors mer ?...). Une population presqu'exclusivement blanche, avec des résidents qui s'évadent souvent pour des séjours à New York afin de retrouver une vie plus vraie (si l'on peut dire), des touristes essentiellement américains (nous sommes accueillis en anglais dans les restaurants ou magasins), et une vie locale qui semble s'organiser autour des sorties du soir dans les bars et restaurants à la mode. Pour quelques jours c'est bien...plus c'est sans doute compliqué !

Restent de très beaux lieux de snorkeling, comme le Grand cul de Sac, où l'on peut nager au milieux des tortues, abrités par la barrière de corail (mais bien abimée), et tout cela gratuitement !

Demain, lundi 15 Avril, c'est le grand départ !

Aujourd'hui fut consacré à :

finaliser divers petits travaux, tel que améliorer la capote, tenter de réparer la pompe électrique, tout travaux mener de main de maître par Damien, faire les comptes, par Etienne, préparer l'arrivée aux USA par Pierre-François.

Mais aussi par une nage dans l'anse du cul de sac, où nous avons nagé avec des tortues sauvages aussi habituées à la présence humaine que les pigeons à Paris. Un moment vraiment spécial ! Malheureusement, le téléphone d'Etienne a rendu l'âme et nous ne pourrons pas vous montré les photos qu'il avait prises.

Demain, c'est donc le grand départ, nous ferons une halte à Saint Martin pour faire les pleins, voir si nous pouvons récupérer la pompe et récupérer la trinquette qui va surement nous servir. 

Nous nous attendons à subir des "pétoles" (pas de vent) mais aussi des "grands frais" à 30 ou 35 Nœuds. La trinquette qui est une petite voile d'avant, assez polyvalente va donc beaucoup nous servir.

Nous avons tout fait pour que ce périple se déroule dans de bonnes conditions de sécurité, le moment est d'y aller !

Nous allons essayer d'envoyer notre position à des personnes qui pourront reporter celle-ci sur le blog, car, pour nous, l'usage d'internet  va être limité à la météo et à  de courts messages aux nôtres.

Nous vous raconterons le voyage une fois à New York

Au fait, l'équipage ... vous ai-je présenté l'équipage ?

Voici mon second, Etienne Barel, mon filleul. Il a l'expérience de la mer sur de gros bateaux, cela va être sa première expérience de grande navigation hauturière sue un voilier. 

Mon autre second est mon neveu de cœur, Damien Sineux, lui connait la navigation hauturière. Il est sur tous les fronts et pourrait nous ramener tout seul à bon port. C'est aussi notre médecin du bord.

Moi, le capitaine en titre, Pierre-François Pouthier, je les ai entrainé dans ce beau projet tout en leur disant que New York se méritait. J'ai déjà fait cette navigation avec Duduche et Gilbert que je salue affectueusement, nous avons du renoncer à New York du fait d'un coup de vent et de contraintes de calendrier. Cette fois-ci nous avons pris de la marge et nous devrons pouvoir négocier les calmes et coups de vent pour enfin réussir notre défi !

Notre autre atout, c'est nous, nous formons une équipe joyeuse, avec un sens aigu de l'entraide et des compétences complémentaires. Magnifique.

En  avant pour de nouvelles aventures !

Mardi 16 avril

Nous avons quitté le port (Simpson Bay) de Saint Martin à 10h30 du matin heure locale. En route vers New York avec un vent portant. Équipage détendu et heureux.

Mercredi 17 avril

Le ciel est bleu immaculé. Nous croisons des poissons volants, ce qui donne un côté exotique !

Vendredi 19 avril

Premier poisson pêché aujourd'hui en laissant une traîne derrière le bateau : une dorade coryphène (Mahi Mahi par ici) de 60 cm ! Cela fera sashimi ce soir. On a vu aussi deux baleines avec leur aileron dorsal puis leur souffle. En revanche presque plus de vent, c'est le Gulf stream, on se traîne et il fait une chaleur de bête.

Samedi 20 avril

Pierre-François: "J'avais dit que New-York se gagnait, on y est ! Mer rugueuse, atmosphère humide, c'est là que l'on voit les marins. Ça tombe bien, il n'y a que des marins à bord. Ce soir ce sera filets de choryphène accompagnés de purée au beurre, servie au carré."

Dimanche 21 avril

Nous sommes en train de changer de cap pour se rapprocher de la côte car la météo annonce une tempête sur le chemin. Si cela devient compliqué, nous pourrons attendre dans un port ! Nous sommes à la latitude de Miami, la terre est encore loin mais nous la verrons dans quelques jours. Nous avons les vagues et les vents dans le dos, donc le bateau surfe et va vite, et nous évitons de taper les vagues de face. En revanche le bateau roule pas mal sur le côté, donc difficile de dormir !  

...

Un peu de calme est revenu et Damien nous a fait des crêpes.

...

Finalement nous nous sommes à nouveau éloignés de la côte car la tempête annoncée n'a pas eu lieu ! Donc pour Pâques pas de port mais des crêpes à bord. Nous sommes là dans le triangle des Bermudes et plus précisément dans la mer des Sargasses je croyais que c'était des sortes d'anguilles mais pas du tout ! Ce sont des algues oranges qui flottent et il y en a des sortes de bancs partout. L'inconvénient est qu'elles se prennent dans l'hydrogénérateur (une sorte de gouvernail amovible avec une hélice qui produit de l'électricité pour le bateau). Donc avec les algues qui se prennent dedans il faut en permanence le relever en tirant sur des poulies comme un athlète, puis le redescendre à l'eau... où 5 minutes après on recommence car à nouveau les algues on bloqué l'hélice. Et pendant les temps morts Pierre-François essaie de le perfectionner ce qui nous fait bien rire ("c'est ton ami" dirait OSS 117...)

Lundi 22 avril

Petite contrariété: le rotor de la pompe à eau de refroidissement a lâché. C'est une chose qui peut arriver et on l'a changé. Mais le moteur a chauffé et suite à la surchauffe, il fume gris foncé (pas noir) avec une forte odeur d'échappement. On lance une consultation : de quoi est-ce le signe ? Peut-on utiliser quand même le moteur dans les pétoles ?

Sinon c'est pas grave, on a de l'électricité par l'hydrogénérateur, et Mistral est un bateau à voile ;-)

...

On vient de voir 3 dauphins qui sautaient à côté du bateau, c'était trop chou !

Mardi 23 avril

Nous avons testé le moteur aujourd'hui et seulement une légère fumée blanche, comme de la vapeur. La fumée d'hier fut transitoire, donc ça va. On va surveiller.

Aujourd'hui, notre première journée de vent vraiment faible: on avance au près bon plein à 3,5 noeuds avec 5 noeuds de vent, parfois moins. C'est pas si mal. Des cirrus effilochés annoncent l'arrivée d'un front. Les gribs n'annoncent pas de vents forts dans les 3 jours.

On profite de cette navigation langoureuse avec le clapotis de l'eau et, malheureusement, les voiles qui claquent du fait des mouvements désordonnés de Mistral qui n'a pas assez de vent sur lequel s'appuyer.

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Depuis hier, nous avons un "vent de demoiselles", c'est-à-dire doux avec une belle mer. Aucun sexisme dans cette expression, c'est un temps à sortir en famille. Inconvénient: il nous faut recourir au moteur pour continuer à avancer malgré les "molles". Celui-ci, après son coup de chaud semble retrouver un fonctionnement plus proche de la normale, il fait un peu de fumée blanche à 1500 tr/min.

 

Dans ces moments-là, on entretient le bateau, on répare, on se lave, on fait la lessive. Exemple, aujourd'hui Damien a révisé le moteur de l'annexe (il se pourrait que ses petits étouffements puissent venir de l'eau que nous avons trouvé dans l'alimentation), je (Pierre-François) me suis investi dans la pompe qui met l'eau douce du bord sous pression. En fait c'est le régulateur de pression qui est mort (pourtant changé à Trinidad). J'ai bricolé un interrupteur qui nous permet d'avoir de la pression à la demande. Etienne progresse bien dans les manoeuvres et nous dormons tranquillement quand il est de quart. Damien et lui échangent politique, c'est amusant.

Je trouve vraiment très agréables ces moments de mer calme où nous allons ensemble au tâches du bord, c'est pas sportif mais on apprécie aussi :-). On devrait retoucher du vent plus soutenu après demain environ.

Mercredi 24 avril

Pierre-François:

"Les quarts de nuit, j'ai rallié mes équipiers à l'idée d'un quart de 2 heures. 2 heures de veille et 4 heures de sommeil, une sieste dans la journée et c'est super. En deux heures on profite de la nuit sans s'ennuyer.

Nous sommes habitués à vivre en ville. La ville et ses lumières rapetisse notre vision de l’univers. En mer, la nuit (bien plus que le jour) on retrouve notre univers, c’est à dire notre galaxie au sens propre. La mer disparaît, nous ne voyons plus que le ciel illuminé des étoiles de notre galaxie, nous ne sommes plus en mer, nous sommes dans l’espace."

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Sargasses

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Look what he did to my boat !

Et Youp, spi envoyé !

Jeudi 25 avril

Etienne : "Le vent est revenu! C'est un peu tout ou rien. Au début, cette nuit il était à fond, un mouvement un peu fort a même coupé en morceaux la porte de ma cabine! Pour se déplacer dans le bateau, on faisait comme les astronautes dans l'espace, on se tenait et on mettait les pieds sur les murs parfois... Heureusement nous avions profité du calme pour faire des menus travaux, dont l'opération de mon pied ! Damien a découpé au scalpel la partie enflée à cause de l'oursin qui avait laissé un morceau dedans il y a plus d'un an. Comme tous les chirurgiens : "je suis très content de l'opération qui s'est bien passée" ;-) On va voir si en plus c'est efficace !"

 

On continue à progresser avec une incertitude sur le jour d'arrivée à NY, samedi ou dimanche... ou peut-être lundi si la fameuse tempête se déclenche et dans ce cas on s'abriterait à Chesapeake Bay à côté de Washington. C'est la glorieuse incertitude de la voile!"

Pierre-François : "Décidément la mer entre les Caraïbes et New York est étrange et capricieuse. La conjugaison des vents et des courants et du Gulf Stream provoque une mer chaotique et rugueuse. C'est ce que nous avons eu cette nuit. Un vent réel de 15 noeuds lève tout à coup la mer et nous arrose copieusement. C'est ainsi que je suis entré dans la cabine d'Etienne en étant projeté suite à la rencontre de Mistral avec une vague. Je vais devoir réparer la porte...

Pierre-François : Nous attendons un coup de vent, nous avons décidé de nous réfugier dans la baie de Chesapeake pour laisser passer deux coups de vent et repartir lundi début d'après-midi vers New York, nous filons donc vers la terre!

Vendredi 26 avril

Après une nuit un peu agitée ce matin les vagues se sont calmées et l'on fait route toujours vers Chesapeake Bay où l'on devrait s'abriter ce soir! Et pour fêter le retour d'un peu de calme il y avait 6 ou 7 dauphins autour du bateau au lever du soleil... Voir un dauphin, c'est retrouver son âme d'enfant !

Chesapeake, ça se gagne ! Vent de face jusqu'à 40 nds, plus 3,5 nds de courant dans le pif, ce ne fut pas de la tarte. Merci à notre moteur (Volvo D2-40), sans son appui, nous aurions renoncé et nous serions reparti au large. 

La baie de Chesapeake, c'est grand 40 Mn pour atteindre notre abri !

Samedi 27 avril

Voilà nous sommes bien arrivés et ancrés à l'abri! Nous sommes au fond de la baie de Chesapeake, Norfolk, a Willougbhy Bay, au pied d'une base d'hélico et pas loin de tous les porte-avions de la flotte américaine... on devrait passer la nuit bien surveillés !

Il y a peu de fond, dans les 3m, et nous avons talonné en entrant dans la bay, puis se fut la promenade entre les bouées de casiers que l'on ne voyait pas, puisqu'il faisait nuit.

Dimanche 28 avril

Toujours à Chesapeake aujourd'hui... départ demain pour NY normalement et arrivée mercredi.

Lundi 29 avril

Nouvelle déception, le vent qui hésitait hier, s’établit Nord 20 noeuds. Pas cool pour qui veut aller au Nord, 2 fois la route, 3 fois la peine, on n’hésite pas longtemps : on partira demain !
On en profite pour anticiper la préparation du bateau pour son séjour USA et le retour. Concernant le retour, nous sommes très ennuyés sur la question du gaz. On risque de n’avoir qu’une bouteille pleine pour le retour, c’est au moins la moitié de ce qu’il nous faut. Le gaz et les normes US ne sont pas les mêmes qu’en Europe, il nous faut donc trouver une solution alternative pas trop onéreuse.

Mardi 30 avril

Etienne : Après avoir attendu devant la terre promise tels Moïse avec les Egyptiens, nous voilà repartis (mais avec notre capitaine, hein!). Il reste tout de même 240 nautiques jusqu'à NY, ce qui fait à une vitesse très variable selon un vent capricieux (soit fort de face => on tire des bords, soit faiblard de côté => on se traîne) entre 2 et 4 jours. L'important est d'arriver avant mon départ d'avion samedi et de faire découvrir la Frick collection à Damien et Pierre-François!

Pour faire un clin d'oeil à Papa nous avons recueilli une hirondelle épuisée à bord! En bon urgentiste Damien l'a rassasiée et réchauffée et elle est repartie cette nuit! En revanche elle a fait le printemps : après les tenues estivales nous sommes avec plein de couches car on a perdu 15 degrés. 

Pierre-François : Nous sommes repartis depuis hier matin 7h. Nous devions avoir un vent de face jusqu’à 14 h puis celui-ci devait adonner (c’est à dire devenir plus favorable, dans le cas contraire on dit refuser). Mais pour une fois, la météo se trompe et rien ne se passe comme prévu. Nous avons louvoyé toute la journée et ce n’est qu’à la nuit tombée que le vent a viré nord ouest et est devenu favorable. Mais nos ennuis ne sont pas finis et le vent, ce matin à 3 h est tombé et nous voici à nouveau au moteur. Or nous n’avons que 80 litres environ soit 16 h de moteur disponible, ce qui aurait été très largement suffisant si le vent prévu était là. Donc tout va dépendre du vent, va-t-il revenir ?
Nous sommes dans un étrange marais anticyclonique qui nous offre un avenir incertain.


Bon côté des choses, le ciel s’est dégagé et on voit de magnifiques étoiles.

 

Je retourne à la passerelle, un navire nous rattrape, un autre arrive devant, finie la solitude du grand large. 

Petit problème pour l’équipier de quart : un navire qui semble être un bateau de pêche me rattrape. Je vois sa lumière verte donc il me présente son tribord, il est sur mon bâbord et je vois qui me rattrape donc il va me passer devant. Si je le voyais selon un angle constant, on se rentrerait dedans. Comme, il est le rattrapant, il doit me laisser la priorité, sauf s’il est en pêche auquel cas il se considère comme non manœuvrant et c’est à moi de m’écarter. Dans les faits, il a légèrement modifié sa route pour se tenir à l’écart.

Après cette nuit ayant quelques aspects inquiétants, le ciel s’est dégagé et le vent s’accorde enfin avec les prévisions météo !

Mercredi 1er mai

Nous avons eu une journée magnifique. En matinée, nous nous demandions si nous devions nous arrêter prendre du Gas Oil à Atlantique City. Mais nous avons eu du vent toute la journée sur une mer plate et belle. Donc moins de soucis.

Nous espérons atteindre la baie de NY demain. On ferait un premier arrêt dans la baie de Sandy Hook, pour faire la clearance et prendre une douche pour engager notre remontée de l’Hudson le lendemain en pleine possession de nos moyens (et aussi des horaires de marée car le courant est fort), tout ça si Neptune et Eole nous le permettent.

La nuit s’est bien passée,  nous devrions faire le programme prévu. Mais il fait froid !!
Mer belle, ciel couvert, vent d’est 10 noeuds et chauffage en route dans le bateau. Cela fait tout drôle de se retrouver en « Atlantique Nord ».

Les américains et nous partageons ce même océan. Fous de bassan, mouettes rieuses nous accompagnent, les mêmes que chez nous à l’est. On ressent ici combien l’océan sépare et relie. 

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Docteur, pis-je profiter de votre présence pour que vous m'enlever cette pique d'oursin qui me fait souffrir depuis un an et demi ?

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Et avec le sourire !

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Equipage à fond !  Carpe Diem

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Willougbhy Bay, on travaille sur le treuil qui sert à relever la quille, car on se rend compte que ce serait utile d'avoir cette fonction : tentative de réparation de la poignée avec de la stratification verre-epoxy. ça ne tiendra pas ...

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ça caille!

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Jeudi 2 mai

Etienne : Alors nous n’avons jamais été...aussi proches !

 

Après 17 jours depuis notre départ de Saint Martin, le 16 Avril, nous sommes arrivés en tout début d’après-midi dans la baie, et nous nous sommes tout de suite arrêtés avant de passer le pont du Verrazano dans la marina de Sandy Hook pour commencer les formalités d’immigration. Là taxi pour une première étape à Elizabeth (1h de route, dans le New Jersey) où dans un building improbable au milieu des porte-conteneurs un fonctionnaire débonnaire (mais qui ne savait pas se servir de son ordinateur...) met 1h pour nous délivrer un « Cruise permit » au nom de Mistral gagnant que PF pourra encadrer...mais il nous avoue qu’il ne peut pas nous tamponner nos passeports car il n’a pas la machine pour...donc rebelote pour Bayonne, autre port du NJ, où dans un terminal complètement vide on réveille un policier, qui doit faire appel à un collègue puis à son chef pour nous mettre un coup de tampon. Bref 4h après, nous sommes de retour au bateau. Demain  NY est à nous!


Pierre-François : Je tempère un peu le retour qu’en fait Etienne, contrairement à l’image qu’on en a parfois, nous avons été face à des officiers qui ont vraiment cherché à nous faciliter la vie. Décidément arriver à NY sur son voilier n’est pas chose habituelle ! Merci donc à l’administration qui a su ouvrir pour nous trois un terminal de ferry.

Trajet de Mistral Gagnant

Manhattan : nous y sommes !!!

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Jeudi 2 mai

Le soleil se lève pour notre dernière traversée : 22 Nautiques exactement entre Sandy Hook Bay et notre destination finale, la 79th Street Boat Basin Marina. Située dans l'upper West de Manhattan le long de Riverside Drive, elle est idéalement placée sur l'Hudson River près de Central Park...mais n'accepte que les navires de moins de 6 pieds de tirant d'eau (1,8 m) là où Mistral Gagnant avec sa quille fait 8 pieds (2,25 m pour être très précis). Heureusement les journées à Chesepeake bay avaient été mises à profit pour réparer le treuil à chaine qui relève la quille : tels des Dalton au pénitencier, nous avions attaqué à la lime et à la scie à métaux la poignée et le mécanisme du treuil pour faire de la "stratification", c'est à dire coller de la fibre de verre et refaire les pièces.  Et ça a marché pour que nous puissions y avoir accès !

 

La première étape était de passer sous le pont Verrazano, celui qui marque réellement l'entrée de la baie et où les marathoniens s'élancent chaque année pour parcourir New York. Faisant près de 1,7 km de long, il est impressionnant. Nous avons du composer avec les porte-conteneurs (300 m chacun environ tout de même) qui passent en rangs serrés dessous pour rentrer dans le port...et prendre des photos historiques avec la complicité de Damien qui était sorti en annexe pour nous prendre !

A force de chercher le bon angle pour la photo, nous avons talonné à nouveau, nous nous sommes servi du treuil pour remonter un peu la quille afin de nous dégager. Ça a marché. Malheureusement, lorsque nous avons voulu redescendre la quille, la poignée a, à nouveau, cassé. 

 

La deuxième étape, sous un vent qui se renforçait (une quinzaine de noeuds), un courant contrariant de près de 2 noeuds, est de remonter cette fois ci entre les ferries, les barges de service, les pilotes, les coast guards, dans le baie, le long de la Statue de la Liberté, d'Ellis Island, jusqu'à la pointe de Manhattan.

C'est là que nous entamons avec beaucoup d'émotion notre dernière étape, la remontée au génois (pas de quille descendue, donc pas de GV) l'Hudson, longeant les gratte-ciel sous le soleil, suscitant l'admiration (et les photos) des touristes en bateau, et arrivant sans encombre à la Marina en fin d'après midi. 

Il ne restait plus à la "fine équipe" qu'à fêter et remercier dignement Mistral Gagnant en sabrant une bouteille de champagne face à sa proue pour célébrer cette traversée mythique !

 

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Mistral à l'assaut du Verrazano  !

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De New-York à Ouistreham

Dimanche 16 juin

Pierre-François et Guy sont arrivés hier à New-York, Lionel les rejoint demain après-midi. Remise à l'eau du bateau prévue mardi, et départ à suivre pour la traversée jusqu'à Ouistreham !

Lundi 17 juin

Lionel retrouve l'équipe : 1ère soirée à Manhattan.

 

 

 

 

 

Objectif n°1 : prendre des forces! :-)

Mardi 18 juin

Derniers préparatifs et mise à l'eau 

 

Le capitaine en profite pour faire un 

dernier raccord d'anti fooling.             Remise à l'eau du bateau jaune.

Mercredi 19 juin

3h30... le bateau se réveille pour le grand départ :-)

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L'objectif du jour : faire cou cou à la statut de la liberté, à Manhattan  et aller ensuite à Sandy Hook pour faire le plein de Gas Oil

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 Mistral Gagnant tourne le dos à New York pour aller à Sandy Hook faire le plein de gaz oil - et savourer notre dernier repas sur la terre ferme avant un bon moment.  Petite halte chez Sissy's...

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Petit, mais ambitieux : c'est ki ki ira le plus loin ?

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18h : ça y est, on quitte la terre ferme, mais devant l'épais brouillard qui s'est levé nous avons décidé de nous mettre au mouillage pour la nuit, afin de traverser les couloirs de navigation qui nous séparent du large dans de bonnes conditions demain à l'aube. Accessoirement, cela signifie aussi une bonne nuit de sommeil pour tout le monde avant de basculer sur le régime ininterrompu des quarts de 2 heures... :-)

Jeudi 20 juin -J1

Nous sommes repartis au lever du jour dans de meilleures conditions malgré un brouillard persistant. Le vent est monté rapidement et le bateau a pris sa pleine vitesse. 

Vendredi 21 juin -J2

Tout va bien malgré un temps maussade (ciel couvert, humidité ambiante, pluie et, peut-être le plus désagréable pour le capitaine, brouillard). Hier, petit incident sans gravité, nous avons accroché une bouée de filet, semble-t-il, dérivant.

On l'aurait bien gardé car les mouvements du bateau étaient tout doux. Il fallait bien s'en débarrasser et nous y sommes arrivés en stoppant le bateau. Pour cela, nous nous sommes mis face au vent. Il faudra vérifier que la coque n'a rien.

L'équipage prend son rythme de vie avec celui des quarts (2 h de veille et 4 heures de repos : c’est grand luxe, tout le monde dort plus qu’à terre : un comble !) il faut dire que les deux équipiers sont en phase d'amarinage.

On espère qu'on va quitter ce temps irlandais (hier il a fait soleil pendant une heure) mais avec cette succession de fronts froid/chaud, c'est peu probable. Bon côté, il y a du vent et nous faisons l'honorable moyenne de 7,80 noeuds depuis le départ. 

Mistral Gagnant vous embrasse tous et poursuit sa route joyeusement.

Samedi 22 juin - J3

Nous sommes accompagnés par des pétrels, probablement fulmar (c’est leur lieu, mais ils sont plus foncés que dans la description du livre) et aussi des pétrels-tempête d'un type non encore identifié. Des dauphins, probablement des requins baleines aussi. Nous avons quitté le plateau continental ! Nous sommes maintenant en « haute mer ».

Un collègue de Lionel (Lionel: merci Rémy !) a mis en place un système automatique pour que l’on reçoive chaque jour la carte météo des fronts de l’Atlantique Nord. Nous avons accès par ailleurs à des prévisions météo précises via la connexion satellite, mais cette carte des fronts nous permet de mieux comprendre les systèmes météo dans lesquels nous évoluons. Nous sommes actuellement au sud d’une belle dépression et il y a une multitude de fronts d’occlusions froid/chaud qui nous donnent un temps changeant.

Nous avons quitté le plateau continental. Concrètement, cela signifie que la profondeur d’eau en dessous du bateau est passée de quelques 100 m à plus de 3000 m à l’heure où nous écrivons ces lignes. On peut imaginer pas mal de vie sous-marine sous nos pieds... Hier, nous avons vu un requin à quelques mètres à peine du bateau. On voyait bien sa nageoire dorsale qui sortait de l’eau, et un peu son corps. Nous avons vu aussi un groupe de dauphins. Plus tard, le bateau a heurté quelque chose, probablement un animal. Cela a fait un gros « bong », mais n’a visiblement causé aucun dégât.

Le ciel est bien bleu, la mer moyenne, avec une houle pas très régulière de 2 m environ. Le cap idéal serait un vent arrière, mais ce ne serait pas confortable dans cette mer. Nous naviguons plutôt au portant, ce qui permet d’avoir les voiles gonflées de manière stable (quand nous nous rapprochons trop du vent arrière, le génois se dégonfle de temps en temps, puis se regonfle d’un coup sec et tire fort sur l’écoute, ce qui est un peu violent et n’aide pas le sommeil de l’équipage !) Comme la houle va à peu près dans le même sens que nous, nous faisons de beaux surfs par moments : en haut de la vague, le bateau accélère vers l’avant en s’inclinant un peu sur le côté, et termine en bas de la vague dans un petit fracas d’écume...

En fin de journée, nous avons croisé à 100m environ un autre voilier !!! Rencontre fort improbable en haute mer... L’AIS (le système de transpondeurs qui permet de prévenir les collisions) nous dit que c’est un bateau anglais. Peut-être est-il en train de terminer sa traversée de l’Atlantique dans l’autre sens ? Son cap semble indiquer qu’il se dirige plutôt vers les Caraïbes. Nous n’en saurons pas plus, nous n’apercevons personne sur le pont. Un vrai vaisseau fantôme...

Après un joli coucher de soleil derrière nous, le beau ciel bleu sans nuages à laissé place à une nuit étoilée, d’autant plus belle que la lune se lève assez tard ces temps-ci. En tout début de nuit, nous apercevons Jupiter qui brille très fort d’un bel éclat orange. Un repère pratique pour barrer de nuit ! Plus tard, la mer s’illumine de magnifiques reflets argentés lorsque la lune se lève. En fin de nuit, nous apercevons loin devant un gros cumulo-nimbus qui développe une intense activité électrique. De temps en temps, il s’illumine d’un brusque et intense éclat orange. Heureusement, nous n’avons pas prévu de croiser sa route... La nuit s’achève, et le ciel rougit devant nous, plein ouest. Un peu avant le soleil, c’est Vénus qui se lève, comme pour fermer la marche ouverte par Jupiter puis Saturne. Une nouvelle journée ensoleillée se prépare.

Dimanche 23 juin - J4

 La journée commence bien, l’équipage est officiellement amariné : plus de mal de mer ni de migraines. Beau ciel bleu, la température grimpe en flèche et nous troquons polaires et combinaisons+vestes de quart contre short et T-shirt. La mer aussi s’est réchauffée, passant de 13 à 22 degrés : c’est le Gulf Stream ! Pour bien confirmer cette chaleur étonnante par 42 degrés de latitude nord, un poisson volant termine sa course sur le pont. La mer est un peu plus forte avec des vagues typiques de 1m50 mais qui peuvent faire le double. Le vent est stable à 15-20 noeuds, nous naviguons toujours au portant.

Un groupe de dauphins est venu nager et sauter à côté du bateau. C’est fascinant de voir leur agilité et leur vitesse. Repas du dimanche, avec apéro sur le pont, petits toasts grillés au foie de morue et des crêpes en dessert. :-)

Le vent forcit, nous enroulons un peu le génois et nous prenons un puis deux ris sur la grand’voile. Une sécurité bienvenue en prévision de la nuit qui s’avère effectivement plus agitée : vent de 20-30 noeuds en rafales, orage, grains, mer forte. Ça secoue pas mal, et nous dormons peu cette nuit là en raison des mouvements du bateau et du bruit : vent qui souffle, eau qui passe sur la coque, grincements divers, la vaisselle qui s’entrechoque (et valse un peu partout à l’occasion), les écoutes et les voiles qui claquent... Des éclairs oranges s’allument régulièrement dans le ciel, mais pas de tonnerre : il semble que l’activité électrique reste contenue dans les nuages mais ne tombe pas sous forme de foudre.

Lundi 24 juin - J5

Les orages de la nuit sont derrière nous, le vent a faibli et la houle un peu diminué. Nous essayons de récupérer de la fatigue de la nuit. Vers 9h, le vent tombe d’un coup, devient très faible et de direction instable. C’est un phénomène étrange. Au bout d’une heure, il se stabilise mais en sens inverse ! Nous continuons donc notre cap vers l’ouest (avec un peu de nord), mais à une allure de près. Plus tard dans la matinée, le vent tourne à nouveau et nous filons à nouveau à 9-10 noeuds par une allure de travers.

Nous décidons d’avancer nos montres d’une heure pour compenser notre déplacement. Pour celui qui voyage vers l’est, les journées font effectivement moins de 24h ! Pour chaque minute de longitude gagnée, c’est 4 minutes de moins au soleil (calcul fait par Marion :-) ). A environ 2,5 degrés par jour (150 miles nautiques, soit environ 280 km), il nous faudrait avancer notre montre de 10 min tous les jours pour rester à la même heure par rapport au soleil. En pratique, c’est un peu plus compliqué car New-York et Paris sont décalées de 6h en termes de fuseaux horaires, mais « seulement » de 73 degrés de longitude, ce qui correspond à 4x73=292 min=4h52 de décalage au soleil (en France, le soleil se couche plutôt tard par rapport à d’autres pays situés aux mêmes latitudes). Bref, pour rattraper le décalage de 6h par rapport à l’heure française il sera finalement plus efficace d’avancer notre montre d'une heure à chaque sixième du trajet. 

Concernant les heures de quart, nous décidons de les maintenir fixes par rapport à l’heure de New-York, c’est à dire de les avancer autant que nos montres. Cela nous permettra de tourner par rapport à l’heure solaire. Actuellement cela donne, pour le matin et l’après midi, 1h-3h et 7h-9h pour Pierre-François, 3h-5h et 9h-11h pour Lionel, et 5h-7h et 11h-1h pour Guy. Il y a donc quatre heures de « vide » pour chacun d’un quart à l’autre, ce qui permet, quand les conditions sont calmes, de dormir par périodes d’un peu plus de 3 heures la nuit. Avec une éventuelle petite sieste additionnelle, le compte y est, c’est simplement le rythme haché auquel il faut s’habituer (on ne va pas se mentir, c’est pas non plus facile facile de se réveiller pour le quart du milieu de nuit !). Quand les conditions sont plus musclées et que le bateau bouge beaucoup et fait beaucoup de bruit, c’est plus compliqué...

Le vent s’est finalement stabilisé autour de 10 noeuds, la mer se calme peu à peu, l’air est redevenu plus frais et la mer aussi (à nouveau 13 degrés). Nous avons quitté le Gulf Stream ! La bonne nouvelle est qu’avec ces conditions, nous allons avoir une nuit beaucoup plus calme et réparatrice...

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  Vols de pétrels sur fond de coucher de soleil (le 24 juin)

Guy a attrapé un poisson volant!  (23 juin)

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             Le capitaine relève la ligne. Pêche infructueuse durant toute la traversée, malgré notre persévérance, peut-être devrions nous prendre des cours ? (22 juin)      

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Lionel dans ses œuvres, évitez de faire ce genre d'exercice par forte houle (23 juin)      

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Mardi 25 juin - J6 — Après cette bonne nuit de repos (entrecoupée de quarts révélant une voûte magnifique d’étoiles), nous découvrons un beau ciel bleu au petit matin (lever du soleil: 5h10 heure locale du bateau). Les conditions de mer et de vent se maintiennent : mer calme avec une houle légère, vent de 10-15 noeuds environ. Nous en profitons pour refaire des calculs de route en fonction des prévisions météo, et pour affiner le réglage des voiles pour optimiser notre vitesse. Nous avançons au près bon plein, à peu près plein est (en réalité un tout petit peu sud pour éviter une pétole à venir...), à une vitesse de 7-8 noeuds, ce qui est bien pour ce vent plutôt faible (Mistral Gagnant et décidément un bon bateau !) Autre avantage de cette allure de près, le bateau est stable et nous profitons tranquillement de cette belle journée...

Mercredi 26 juin - J7

— Pendant la nuit le vent a forci et « refusé », nous obligeant à adopter une allure de près plus serré pour maintenir notre cap. Il y a deux inconvénients à cette allure de près où nous « remontons au vent », en particulier lorsque le vent forcit. D’une part, nous prenons la houle presque de face (logique, puisqu’elle est poussée par le vent), ce qui a pour effet d’imprimer au bateau un fort tangage, et de le faire taper les vagues, parfois assez violemment (un peu comme des montagnes russes où l’on décollerait régulièrement). D’autre part, cela imprime au bateau une forte gîte, qui permet de constater au passage que la notion de verticalité à bord d’un voilier est toute relative. Dans ces conditions, une pomme lâchée devant soi peu retomber à plus d’un mètre !

Mais ce n’est pas tant l’angle de gîte du bateau qui est éprouvant (après tout, on pourrait bien s’habituer à vivre dans une maison aux sols, murs et portes un peu penchés) que ses variations rapides et brutales, qui obligent à se tenir ou à s’appuyer sur quelque chose en permanence. En un sens, la gymnastique (voire la musculation) est intégrée aux gestes du quotidien :-)

Nous avons donc peu et mal dormi, pour autant il nous fallait être d’attaque au petit matin pour réduire la voilure (affaler la trinquette et prendre un 2e ris sur la grand’voile) en raison du vent qui forcissait. Des paquets de mer balayaient régulièrement le pont, rincé en même temps à l’eau douce par une pluie soutenue. Le paysage était assorti : une mer grise et fumante (l’effet conjugué du vent fort et de la pluie), agrémentée de touches blanches d’écume au sommet des vagues (la houle s’était également creusée sous l’effet du vent). Bref, des conditions que l’on pourrait qualifier de « musclées » :-)

                                     Navigation sous la lune. 23 juin

Jeudi 27 juin (suite)

Après-midi tranquille sur un bateau qui nous semble presque immobile tant ses mouvements sont légers par rapport aux jours précédents. La brume est toujours présente, avec des épaisseurs variables, nous laissant observer des phénomènes surprenants comme une espèce de halo arc-en-ciel à l’avant du bateau, et, une fois la nuit tombée, une fine mais imposante masse noire verticale à l’arrière (l’ombre du pataras, le haubant à l’arrière du mât, projetée par les feux de navigation en haut du mât sur la brume). La mer devient de plus en plus lisse, par moments comme un miroir, et de plus en plus plate. Malgré le vent très faible, Mistral Gagnant glisse sans mal et avec grâce sur cet élément liquide qui ne lui oppose plus aucune résistance.

Vendredi 28 juin- J9

Comme prévu le vent est monté pendant la nuit, et nous filons à nouveau à vive allure (8-9 noeuds) sur une mer peu formée (moins de 1 m de creux). Le vent a un peu tourné, faisant passer notre allure d’un près bon plein à une allure portante (autrement dit, le vent vient plutôt de l’arrière maintenant). Cela a une conséquence importante sur les mouvements du bateau : au près, le bateau est à la gîte (il penche sur le côté sous le vent) et à des mouvements de tangage (la proue se soulève et retombe régulièrement). Au portant, ce sont plutôt des mouvements de roulis (le bateau penche alternativement sur bâbord et tribord). Cela a une importance capitale sur la manière de se caler dans sa couchette pour dormir ! :-)

Ce matin, des dauphins sont venus nager et sauter autour du bateau. Certains semblaient clairement jouer à passer d’un côté à l’autre du bateau en nageant sous l’étrave, alors que d’autres, plus loin, nous gratifiaient de sauts magnifiques. Tout cela en nageant à 9 noeuds pour suivre le bateau (en comparaison, un nageur entrainé au sprint ne dépasse pas 5 noeuds !). Leur saut à la forme d’un magnifique arc de cercle, formé à la fois par leur corps arrondi et le mouvement qu’ils lui impriment. C’est très beau...

Vendredi 28 juin (suite)

19h30: nous filons toujours à 9 noeuds (avec des pointes à 10, voire 11 noeuds), par vent presque arrière (grand largue), sur une mer un peu plus formée mais relativement conciliante à cette allure portante. De temps en temps, le bateau accélère dans un surf, puis ralentit en fin de course dans un bouillonnement d’écume. Cet après-midi nous avons vu de drôles de poissons, peut-être des poissons-lune, que Guy (qui les a repéré de son œil de lynx) décrit comme « des assiettes roses verticales pourvues d’une nageoire dorsale ». Bientôt une photo pour que nos experts à terre (vous !) puissent trancher ce délicat problème d’identification :-)

Samedi 29 juin - J10

Pierre-François : Je prends le relais de Lionel pour vous tenir au courant. Malgré une nuit légèrement rugueuse où notre quatrième équipier (nommé Raymond qui tient la barre jour et nuit) a travaillé comme un forçat - il lui fallait remettre Mistral sur sa trajectoire alors que la houle et le clapot se liguaient pour le faire déraper- malgré cette nuit, donc, la mer s'étant rangée, nous avons décidé de sortir nos atouts pour une vitesse maximale : le spi symétrique, arme décisive lorsqu'on est plein vent arrière. Sortir "bras et écoute, tangon avec ses halehaut et halebas, spi dans sa chaussette" une bonne heure après, nous avons établi cette voile magique et souvent volage. Mistral s'est magnifiquement comporté et nous avons frisé à plusieurs reprises les 11 noeuds avec 20 noeuds de vent!

Bon, la mer se creusant et redevenant "dérangée", nous avons rangé le spi, pour une autre combinaison. Nous avons essayé le papillon, à savoir la grand voile ouverte sous le vent et le génois au vent tenu ouvert par le tangon. Dans cette configuration le "bord de fuite" (la chute) devient le "bord d'attaque". Cette configuration inhabituelle est un bon moyen d'avoir une voilure relativement stable dans une mer désordonnée. 

Et ça a marché! Moins vite qu'avec le spi, mais beaucoup plus facile et secure. En cas d'urgence, on enroule le génois, c'est tout simple, ce qui permet de traiter l'urgence avec la grand voile seule. 

Nous espérons maintenant une nuit réparatrice avec la satisfaction d'avoir bien avancé sur notre route. 

Au fait, nous avons fait hier un record sur cette traversée : 201 minutes sur 24 heures. Nous avons encore à tester d'autres configurations avec le spi asymétrique; arrivés à Ouistreham on devrait maîtriser à peu près notre valeureuse nef. 

C'était le petit mot du capitaine. 

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Voilier fantôme croisé le 22 juin                                               Douche à tribord! (24 juin)

Dimanche 30 juin - J11

Après une journée efficace de vent arrière hier (163 nautiques dans la direction exacte de la France, soit 63 degrés au compas), le vent a un peu tourné et nous sommes revenus à une allure plutôt travers en début de nuit. Les conditions de vent et de mer sont plutôt confortables, et cela s’en ressent sur la qualité du sommeil de l’équipage (en comparaison de certaines nuits passées, les mouvements et bruits du bateau sont une douce berceuse...).

À 17h30, les conditions changent rapidement : le vent forcit, la pluie tombe drue et la mer se creuse. Sur le pont, c’est la douche assurée, à l’intérieur garder l’équilibre et faire la cuisine devient très compliqué. Notre « indicateur de gîte » (voir photo à suivre) bat tous les records. Guy, en numéro 1 (celui qui s’occupe des manœuvres à l’avant du bateau) hors pair, est toujours prêt à partir au combat. Pierre-François, en bon capitaine, reste à braver les éléments sur le pont pour surveiller la situation. 

Nous mettrons un moment à mettre en correspondance les conditions de vent et leur évolution avec les prévisions reçues via le téléphone satellitaire, décalées en temps et mal positionnées. La nuit est rugueuse, avec des rafales de vent à plus de 30 noeuds et une mer devenue grosse. Lorsque le jour pointe, les conditions s’adoucissent un peu, le soleil revient, et nous filons à plus de 10 noeuds par vent arrière en ligne droite vers notre destination.

Pierre-François : Pour les spécialistes, pour braver ces conditions de navigation allant du près au vent arrière nous avons opté pour la grand voile seule. Au près,cela permet de flirter avec le vent de face pour contrôler assiette et vitesse du bateau. Au portant, l’intérêt est moindre. Notre grand voile étant entièrement lattée, elle ne bat pas, même lorsque on la met en drapeau pour étaler une survente.

Nous avons également inauguré la prise de ris au vent arrière. Imaginez un vent de 30 noeuds qui plaque la grand voile sur le mât et le gréement, pas facile de la faire descendre. Nous avons trouvé la solution et nous naviguons maintenant plus confortablement avec une GV au troisième ris.

Et pendant ce temps là, flegmatique, Lionel nous faisait son célèbre gâteau au chocolat !

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Une hirondelle vient se reposer sur le pont (24 juin)                              Alimentation du blog :-)

Lundi 1er juillet - J12

 Les conditions de vent sont maintenant stables à 15-20 noeuds et une direction qui nous permet de bien avancer au grand largue (presque vent arrière) en route presque directe (nous prenons un peu plus au nord pour éviter le manque de vent dans les jours qui viennent). Cela devrait mollir lentement jusqu’à mercredi matin, et nous devrions ensuite retrouver à nouveau du vent, par le travers (qui est l’allure la plus rapide). Les prévisions pour la suite indiquent des passages de vent faible, la faute à l’anticyclone des Açores qui a fait un petit au large de l’Irlande. Mais tout cela vous sera bien mieux expliqué à la météo ce soir, cartes à l’appui ! ;-)

Nous sommes désormais plus proche (à vol d’oiseau) de Ouistreham que de New-York. Pour fêter la mi-parcours, nous avons dégusté ce midi des toasts de foie de morue, une saucisse de Moscou (!) et en dessert les délicieux calissons ramenés d’Aix par Claire (merci à elle également pour la mise à jour quotidienne et la mise en forme du blog, c’est un gros travail !). Nous en avons aussi profité pour avancer nos montres d’une heure, nous sommes désormais sur le fuseau horaire du Cap Vert (GMT-1, soit 3 heures de moins qu’en France). Pour fêter la mi-parcours avec vous aussi, j’en profite pour vous envoyer un maximum de photos :-)

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Dispositif mécanique permettant de mesurer la gîte (fonctionne sans piles).

Photo réalisée sans trucage! :-)  (30 juin)

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Qui parviendra à identifier cet animal? (qui n'est vraisemblablement pas un poisson-lune (28 juin)

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Dans la série "les consignes de sécurité du capitaine" : 1. bien s'attacher lorsqu'on se balade sur le pont (photo prise lors de la pétole du 27 juin)

Le capitaine prépare une quantité substantielle de lard fumé, ingrédient indispensable au petit-déjeuner américain qui suivra : oeufs sur le plat, lard et haricots (beans) (30 juin)

Mardi 2 juillet - J13

 Journée tranquille et ensoleillée, avec comme prévu un vent stable en direction et mollissant progressivement. Nous passons par différentes configurations de voile pour notre allure de grand largue / vent arrière : papillon (génois tangoné du côté opposé à la grand’voile), puis génois tangoné du même côté (diminue le roulis dans cette mer toujours creusée, sans sacrifier beaucoup à l’efficacité), puis, le plus beau et le plus efficace, le spi.

 

Pour envoyer le spi, manoeuvre qu’il convient de soigner, on hisse en haut du mât, sur l’avant du bateau, une grande « chaussette » dans laquelle est rangée le spi. Lorsque tout est prêt, on remonte le bas de la chaussette (un peu comme on remonterait son pantalon pour aller à la pêche aux moules), et le spi se déploie alors dans toute sa splendeur. Le spi étant une voile triangulaire fixée au sommet du mât d’une part, et accrochée à deux écoutes de part et d’autre du bateau à l’avant (le côté au vent étant affublé du tangon, sorte de petit mât horizontal fixé au mât, qui permet d’écarter le point de fixation de l’écoute de ce côté), on joue alors sur les deux écoutes (= cordes) depuis l’arrière du bateau pour bien orienter le tangon et maintenir le spi gonflé. C’est plus technique que la manipulation du génois (et il y a plusieurs manières de rater un envoi de spi) mais quand la manœuvre est réussie, le résultat est magnifique et permet de gagner sensiblement en vitesse.

La mer s’est progressivement aplatie, diminuant d’autant les mouvements de roulis du bateau, dans lequel nous pouvions à nouveau, luxe rare, circuler sans se tenir en permanence.

Nous avons pu réaliser combien nous étions seuls sur cette immense étendue liquide : pas de bateau à l’horizon, plus d’oiseaux ou presque ce jour-là, et pas de poisson au bout de notre ligne... Seule une galère portugaise (bravo à Maxou, Rémy et Séverine qui ont résolu l’énigme), passant près du bateau, a pu nous rappeler que ce désert abritait bien la vie.

Le Bonus photos de la mi-parcours!!

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A votre avis, dauphin ou requin?                                                                                      Et voici les dauphins!

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Quelle est donc cette étrange cité que l'aube révèle au          Même une grosse mer peut, au détour d'un reflet

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milieu de l'océan? L'Atlantide? (30 juin)                                     si longtemps une plage paradisiaque (26 juin)

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Ce jour-là, pendant quelques instants volés entre la fin de                  Mistral Gagnant et son équipage le 25 juin

la nuit et le début du jour, et dans cette direction bien                             par 45°25' Nord et 52°06' Ouest

particulière de l'horizon, c'était l'heure violette...

(26 juin)

Electricité à tribord en pleine nuit. Un nuage-lampadaire       Un pétrel, virtuose du vol plané. Quelle ne fut pas 

en somme, mais il est plus sage de ne pas passer                        notre surprise, en examinant la photo, de découvrir

dessous... (23 juin)                                                                             qu'on lui avait passé la bague au doigt! (22 juin)

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Une seconde plus tard, la vague avait englouti                                     La mer presque métallique à cette heure de 

le soleil... (23 juin)                                                                                                 la journée (22 juin)

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La grosse houle ressemble à des montagnes russes que           Noyés dans la brume, sur une mer d'huile, nous 

l'on gravit sans effort. (26 juin)                                                      découvrons cet étrange halo lumineux, tout proche,

                                                                                                            semblable à un arc-en-ciel en train de naître (27 juin)

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A la recherche de l'arc de cercle parfait                                                   Poisson volant...                            

Vous avez dit mer d'huile? (27 juin)                                   Pierre-François en pleine séance photo : 

                                                                                                      "Qu'elle est belle, mon étrave!"

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Baston! (26 juin)                                                                                          25 juin

Mercredi 3 juillet - J14

Le vent a progressivement faibli et tourné pendant la nuit, puis s’est renforcé au matin pour se stabiliser à 10-15 noeuds. Nous naviguons au travers (une allure efficace et confortable, le bateau gîte un peu mais est très stable) à 8-9 noeuds (ce qui est bien) en route directe vers notre objectif, sur une mer qui s’aplatit peu à peu.

 

Superbe journée ensoleillée (et un peu fraîche à l’ombre), nous déjeunons sur le pont en admirant ce spectacle très apaisant d’une mer calme et très bleue. Nous avons testé un nouveau concept de « voilier à vapeur » (voir photo) mais le résultat n’est pas concluant :-)

Jeudi 4 juillet - J15

Nous avons terminé notre deuxième semaine de navigation sous un ciel étoilé magnifique, sans lune, dans lequel nous pouvions distinguer très distinctement Voie lactée, un nombre impressionnant d’étoiles et bien sûr nos compagnes habituelles Jupiter, Saturne et Vénus.

 

Pendant la nuit, nous sommes passés par un point particulier de notre route, le point le plus éloigné de toute terre (petites îles exceptées). À ce moment-là, nous étions à environ 530 nautiques à la fois de l’Irlande et du Groenland. Depuis, la terre la plus proche est donc l’Irlande, dont nous nous rapprochons à raison de 150-200 nautiques par jour. Il se trouve que la route directe vers Ouistreham, que nous suivons depuis maintenant plusieurs jours, passe exactement au milieu des îles Scilly, et plus précisément à quelques centaines de mètres du pub MayFair bien connu. Nous sommes donc confronté à un épineux dilemme : faut-il contourner les îles Scilly (et rallonger la route) ou bien faire escale au MayFair comme l’exige la route directe ? ;-)

La journée est semblable à celle d’hier, avec le soleil en moins en raison d’un voile nuageux fin mais persistant. Nous progressons toujours au travers à environ 7 noeuds, sans besoin de beaucoup intervenir sur les réglages du bateau tant le vent est régulier en force et en direction. Notre seule manœuvre de la journée : un double virement de bord pour faire passer notre réserve d'eau douce d'un réservoir à l'autre (en faisant gîter le bateau)!

Heureusement que nos réserves de nourriture sont confortables, car malgré nos efforts répétés, notre bilan de pêche se cantonne au zéro absolu (à moins de compter le poisson volant qui avait atterri par erreur sur le pont...). Parmi les hypothèses envisagées pour expliquer ce maigre bilan, la profondeur (par 4000 m de fond, pas facile de voir nos appâts à peine sous la surface de l’eau) et l’intelligence des poissons (haha encore un voilier qui tire un poulpe multicolore en plastique à 8 noeuds, ils nous prennent pour des crétins ou quoi?).

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Faute de manoeuvres à effectuer, l'équipage s'invente de nouveaux                  Petit essai de voilier à vapeur. 

challenges (dédicace spéciale à Raphaël!). La photo n'est pas                           ;  Contrairement à nos attentes, 

garantie sans trucage ;-) mais les spécialistes apprécieront tout                            l'accélération produite est 

de même la performance :-)                                                                                          malheureusement négligeable.

                                                                                                                                                                 (2 juillet)

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La mer furieuse pendant la baston du 30 juin                        Raymond, le pilote automatique, gère la                                                                                                                    barre pour maintenir le cap. On surnomme

                                                                                                          l'équipier de quart "Simone", parce que 

                                                                                                       "Raymond barre pendant que Simone veille".

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La mer presque semblable à la roche. Même après deux semaines de navigation, les

variations infinies de la mer n'en finissent pas de nous émerveiller. (1er juillet)

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3 juillet

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4 juillet

Vendredi 5 juillet - J16

 Nous naviguons au travers sur une mer assez plate et sous un ciel ensoleillé, avec des alternances de bon vent (rien d’exceptionnel, mais de quoi avancer à 7-8 noeuds) et de “molles” pendant lesquelles le bateau se traîne. La faute au régime anticyclonique dans lequel nous évoluons depuis plusieurs jours maintenant. Nous avons tout de même atteint un jalon important de notre traversée aujourd’hui, puisque nous sommes passés sous la barre des 1000 nautiques de Ouistreham (à vol d’oiseau). Comme vous le voyez, en bons marins nous ne manquons jamais l’occasion de sortir une bonne bouteille!

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Le ciel n'était pas encore tout à fait levé, et l'étrange                     En mer, tout est mouvement. La mer se déforme,

clarté de la mer contrastait avec l'horizon chargé                         le bateau se balance, les oiseaux et les dauphins 

de nuages noirs. (29 juin)                                                                     ne s'arrêtent jamais. La nuit, les étoiles dansent

                                                                                                                    au-dessus de nos têtes. (3-4 juillet)

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Sur tribord, Jupiter (la plus brillante), Antarès (orangée)                     Arrêt sur image en plein grain. 

et la constellation du Scorpion (en partie à droite)                          L'horizon lui-même ne tient plus droit. 

dessinent d'étranges signatures dans le ciel.                                                          (30 juin)

(3-4 juillet)

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   Le genre de vague que l'on est content de voir passer                  Au loin, un petit carré de mer inondé de soleil,

   sans déferler sur le bateau. (1er juillet)                                           qu'on pourrait facilement imaginer théâtre de 

                                                                                                                      phénomènes étranges. (2 juillet)

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Ce petit bulbe blanc est un élément précieux du bateau : l'antenne du téléphone 

                                             satellitaire qui nous relie à vous! 

Samedi 6 juillet - J17

 Après un passage de grosse pétole cette nuit, les affaires reprennent avec un vent plus soutenu qui a un peu tourné sur l’arrière. Du coup, pour gagner encore en vitesse, et parce que nous nous devons de tester toutes les voiles du bateau pendant cette traversée, nous avons envoyé le spi asymétrique. Contrairement au spi symétrique que nous avions utilisé auparavant, celui-ci s’utilise en général sans tangon. Il a l’avantage de pouvoir être utilisé à des allures un peu moins portantes, jusqu’au travers en gros, ce qui convient parfaitement aux conditions que nous rencontrons aujourd’hui. Après une mise à poste bien réussie, nous avons le plaisir de constater que nous filons maintenant à 9-10 noeuds dans les bons moments de vent, gagnant ainsi à peu près un noeud de vitesse par rapport à la configuration classique grand’voile + génois. Sur une journée, ça finit par compter !

Nous commençons à croiser quelques cargos (dont un immense porte-conteneurs) et à voir quelques avions dans le ciel, signe que nous nous rapprochons un peu des côtes. Nous envisageons de faire une halte éclair au Mayfair si notre horaire de passage est compatible (c’est-à-dire si nous pouvons arriver et repartir de jour). Au vu des prévisions météo pour les jours à venir, nous devrions croiser les îles Scilly jeudi.

Encore une très belle nuit étoilée, avec une lune toute neuve, fin croissant qui vient se coucher dans une lueur orangée quelques heures après le soleil.

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Préparatifs pour l'ascension du mât                L'ascension commence           Gros travail au winch pour le capitaine

                  (7 juillet)        

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Efforts récompensés : la vue est imprenable!               Notre nouvelle vigie a aperçu quelque chose à                                                                                                           l'horizon : "Les gau-gau... les gau-gau... les gaulois!"

                                                                                              (toute ressemblance avec une BD bien connue ne 

                                                                                               saurait être que pure coïncidence. 

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Comment ça, "petit voilier à bâbord"? (6 juillet)                                Destination New-York? (5 juillet)

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Petite visite matinale (7 juillet)                                  Dédicace spéciale à Elisabeth (5 juillet)

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Carpe diem (6 juillet)

Dimanche 7 juillet - J18

 Très belle journée ensoleillée sur le lac. Nous avons déjeuné en terrasse d’un saumon fumé que nous gardions précieusement pour fêter les 3/4 du parcours. Quelques rafales à 5 noeuds; nous avons hésité à rentrer les parasols :-) 

 

Notre vigie est montée en haut du mât (voir ci-dessus) mais nulle terre à l’horizon, ni bateau gaulois...

Lundi 8 juillet - J19

Les conditions de vent s’avèrent moins molles que prévues, ce qui est très appréciable. Le vent est faible (de l’ordre de 10 noeuds) mais bien orienté (travers), ce qui nous permet d’avancer à une allure raisonnable (nous sommes sous spi asymétrique depuis plus de 24h). Nous avons téléchargé d’autres prévisions météo (Arpège pour les connaisseurs) et elles collent mieux à la réalité. Nous devrions croiser les îles Scilly dans la nuit de mercredi à jeudi. Le ciel est bleu, le soleil éclatant, et la mer de plus en plus plate. S’il n’y avait la mer à perte de vue dans toutes les directions, on pourrait se croire en promenade sur un lac ! Autre différence aussi, nous recevons plusieurs fois par jour la visite de dauphins. Ils ne restent pas longtemps, mais s’amusent parfois à aller et venir devant l’étrave, un spectacle dont on ne se lasse pas...

 

En fin d’après midi, nous sommes repérés par l’armée (?) de l’air irlandaise. Un avion de l’Irish Air Corps, visiblement bourré de caméras (voir photo), vient virer près du bateau et nous survole à quelques dizaines de mètres. Une minute plus tard, nous recevons un message sur le canal 16 de la VHF. L’échange commence à peu près ainsi (c’est Pierre-François qui répond, très pro) :

 

"This is aircraft Charlie two five three to sailing vessel. Over.

- Sailing vessel Mistral Gagnant, listening. 

- Aircraft Charlie two five three to sailing vessel, please switch to channel six seven, channel six seven. Over." 

 

À leur demande, nous leur indiquons alors la provenance et la destination du bateau (ce qui nous vaudra un « bonjour » en français de leur part), et notre intention de faire escale aux îles Scilly. Nous leur confirmons également que tout va bien à bord. Échange bref mais intense et inattendu ! Et première voix humaine étrangère au bateau entendue depuis plus de deux semaines...

 

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Pas de terre à l'horizon pour l'instant,                         Préparatifs pour l'envoi du spi asymétrique (6 juillet)

mais nous sommes prêts!

Mardi 9 juillet - J20

Après une magnifique nuit étoilée (c’est l’avantage d’être au milieu d’un anticyclone : il n’y a pas beaucoup de vent mais il fait très beau !), nous continuons notre route directe vers les îles Scilly, dans des condition allant de « légère brise » (force 2) à « petite brise » (force 3). Pas de quoi courser un dauphin donc... Au lever du jour, la mer est magnifique, presque étale, ce qui est impressionnant à voir sur une aussi grande étendue.

 

Belle surprise du matin : une baleine (ou un animal équivalent), dont nous percevrons la présence au loin indirectement par la colonne d’eau jaillie de son souffle puissant. Plus tard, une escadrille de fous-de-bassans, de belle envergure, nous annonce que nous nous rapprochons des côtes. Nous venons effectivement d’arriver sur le plateau continental, et la profondeur passe assez brutalement de 3000 m à quelque 200 m. Moins de place pour les poissons, donc plus de succès pour la pêche peut-être ? À suivre...

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Aircraft 253 approaching (8 juillet)                         Beaucoup d'électronique sous le fuselage...

                                                                                                   Souriez, vous êtes filmés! 

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Irish Air Corps (Maritime Squad)                         Le fou-de-bassan, inspiration du Concorde?

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8 juillet

Mercredi 10 juillet - J21

Les conditions de vent sont sensiblement les mêmes que les jours précédents, et nous progressons essentiellement à la voile, avec de temps à autre un peu de moteur quand le vent mollit trop, ce qui nous permet de recharger notre batterie (quand nous avançons trop lentement à la voile, l’hydrogénérateur – une hélice placée dans l’eau qui produit de l’électricité à la manière d’une dynamo – ne parvient plus à subvenir à notre consommation électrique).

 

Nous allons croiser les îles Scilly au milieu de la nuit, ce qui enlève tout intérêt à l’idée de s’y arrêter quelques heures. En revanche, nous devrions avoir le timing parfait pour arriver à Aurigny vendredi au petit matin, y prendre un petit-déjeuner et reprendre la mer en début d’après-midi pour passer la pointe du Cotentin avant de redescendre sur la baie de Seine et terminer notre périple pour arriver à Ouistreham probablement en fin de matinée samedi.

 

En effet, le long des côtes normandes, les courants dus aux marées sont très forts et sont la première donnée à prendre en compte pour planifier une navigation. En partant 4 heures avant la marée haute de Cherbourg, nous bénéficierons de forts courants vers l’Est qui nous faciliteront la tâche (6 heures plus tôt ou plus tard, avec les courants dans l’autre sens, ce serait très difficile de passer le Cotentin).

 

La proximité grandissante des côtes se fait de plus en plus sentir : beaucoup de magnifiques fous-de-bassans, un peu d’activité sur la VHF par moments, et un courageux (ou inconscient) papillon de nuit qui est venu se poser sur le pont aujourd’hui alors que nous étions encore à plus de 100 kilomètres des côtes les plus proches!

Autre rencontre inattendue, un vieux grément (probablement un trois-mâts) que nous avons côtoyé de loin pendant toute l’après-midi, et que nous avons espéré (mais en vain) rattraper, nous imaginant déjà dans la peau de corsaires d’il y a 4 siècles...

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"Prem's arrivé à l'étrave du bateau jaune!" (8 juillet)                  Clair de Jupiter (et de Voie Lactée) (8-9 juillet)

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Deux baleines ou serpent de mer? (9 juillet)                              ,    Dédicace spéciale à Lucie et Rémy :  

                                                                                                                  Totoro au milieu de la voie lactée  

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Le vol plané parfait du fou-de-bassan (9 juillet)              Au petit matin, la mer aussi met parfois un moment

                                                                                                                         à se réveiller (9 juillet)

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Constellation familière (8-9 juillet)                               Nouvelle tentative de pêche : le capitaine

                                                                                              sort du lourd... (9 juillet)

                                                                                                        

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A-t-on vraiment envie de pêcher le poisson attiré                        Arrivée d'un front froid par l'Ouest (9 juillet)

par cet appât? (que faire d'un thon énervé

de 100 kg sur le pont? )

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Constellation de soleils (9 juillet)

Jeudi 11 juillet - J22

Le vent étant complètement tombé avec le soleil couchant, nous avons dû nous résoudre à affaler les voiles et avancer au moteur pendant la nuit. Du coup, nous avons momentanément délaissé les cabines arrières, trop bruyantes avec le moteur, pour tous nous installer dans le carré à l’avant où il est un peu plus facile de trouver le sommeil dans ces conditions. Au milieu de la nuit, nous avons croisé le phare de Bishop Rock (2 éclats lumineux toutes les 15 secondes), qui délimite la pointe sud des îles Scilly. Avec quelques autres lumières venant de Saint Mary’s, c’est finalement la seule observation tangible que nous auront de la première terre rencontrée depuis notre départ de New-York.

Plus tard, dans la matinée, nous longeons la pointe de l’Angleterre (Land’s End) et apercevons très distinctement les falaises autour de Lizard Point. Avec le retour d’un vent faible par l’arrière, nous testons une nouvelle configuration de voiles (qui s’avérera efficace !) : pas de grand’voile, mais uniquement le spi et un petit bout de génois. C’est en quelque sorte le jour de gloire du spi, qui propulse le bateau quasiment à lui seul, et sans avoir une partie de son vent masqué par la grand'voile. 

Nos tentatives de pêche s’avèrent une nouvelle fois infructueuses, mais pour nous consoler, un groupe de dauphins, y compris deux très jeunes accompagnés de leurs mères (?), nous régaleront au dîner (au moment des crêpes !) d’un magnifique ballet autour du bateau.

Vendredi 12 juillet - J23

Après une nuit (réparatrice) à la voile dans un vent de plus en plus faible, nous avons fini par affaler les voiles et mettre le moteur. Entre cargos et bateaux de pêche, le trafic est intense dans cette partie de la manche, et il nous faut redoubler de vigilance dans l’épais brouillard du matin. En fin de matinée, le brouillard se lève et laisse apparaître un grand ciel bleu ensoleillé, et après un moment, au loin, le magnifique (et célèbre) phare des Casquets. Attention, zone de très forts courants, dans laquelle il est hors de question de s’engager sans une connaissance précise de l’horaire de la marée et de la dynamique des courants (évolution de leur direction et force au cours du temps) qui y règnent !

 

À mesure que nous nous rapprochons, nous voyons se dessiner au loin la côte de l’île d’Aurigny. C’est aussi l’état de la mer qui change à l’approche des forts courants que nous allons devoir affronter. Elle devient plus agitée, avec des creux peu profonds mais très pentus et de petites vagues dont la crête déferle un peu partout. Étant au moteur, nous pouvons nous permettre de passer à quelques centaines de mètres au sud du phare (la vue est splendide !), puis de nous engager dans le passage du “Swinge”, couloir bordé de hauts-fonds dangereux dans lequel règne un courant fort et dont les variations peuvent être brutales. Le “Swinge” est d’ailleurs très déconseillé aux plaisanciers non expérimentés.

 

Après avoir affronté à l’approche du phare un fort courant sud, réduisant notre vitesse sur le fond à à peine plus d’un noeud et nous obligeant à avancer en crabe, ce qui est assez déroutant de prime abord, nous voici soudainement à l’abri du courant derrière le phare, et obligés pour maintenir notre cap fond de dévier à la barre de plus de 50 degrés au sud, sans quoi nous finissions en quelques minutes échoués sur le rocher du phare ! On comprend mieux à quel point cet endroit pouvait être dangereux il y a quelques siècles, quand les navires à voile étaient très peu manœuvrants et pouvaient à peine remonter au vent. Le nombre d’épaves signalées sur la carte dans cette zone est d’ailleurs édifiant...

 

Après avoir franchi le “Swinge”, et au passage le rocher d’Ortac, blanc car littéralement couvert de fous-de-bassans, nous débouchons sur la sortie du raz Blanchard, également connu pour ses forts courants mais beaucoup plus large, et longeons au nord Aurigny. Faute de temps, nous ne pourrons malheureusement pas nous y arrêter comme nous l’avions prévu, car la marée (et les courants qui vont avec) n’attendent pas ! Nous doublons alors le cap de la Hague, et, le vent étant revenu et les conditions moins délicates, repassons à la voile.

 

Il nous reste alors une dernière étape délicate avant de redescendre plus paisiblement la baie de Seine : atteindre Barfleur, à l’autre extrémité de la pointe du Cotentin, avant que les courants (qui nous poussent pour l’instant dans la bonne direction, vers l’Est), ne s’inversent. Au grand largue avec génois tangoné, ce sera sans problème, avec une progression sur le fond (courant compris, donc) à plus de 8 noeuds. Après un dernier dîner sur le pont (l’occasion de partager en trois notre dernier calisson), nous réalisons un bel empennage au soleil couchant et mettons cap au sud-est, direction : Ouistreham!

Trajet de Mistral Gagnant (actualisé régulièrement)

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